Israël intensifie ses frappes sur Gaza tandis que les Palestiniens misent sur le plan de Trump
Par Nidal Al-Mughrabi et Steven Scheer
Le dimanche 5 octobre 2025 — malgré les appels en faveur d’un cesse-le-feu, les forces israéliennes ont poursuivi leurs bombardements dans toute la bande de Gaza, détruisant plusieurs habitations, selon des témoins. Dans le même temps, de nombreux Palestiniens placent leurs espoirs dans une proposition américaine destinée à mettre fin au conflit.
Donald Trump, via sa plateforme Truth Social, a affirmé que l’armée israélienne consentait à une “ligne de retrait initiale” à l’intérieur de Gaza. Il a ajouté que le cesse-le-feu deviendrait immédiatement effectif dès que le Hamas en donnerait la confirmation.
Au cours de la nuit et dans la matinée, avions et blindés israéliens ont multiplié les frappes sur différents secteurs de l’enclave, provoquant des destructions massives. Les autorités sanitaires palestiniennes font état d’au moins 16 morts, dont quatre personnes cherchant de l’aide dans la partie sud de Gaza, et cinq autres touchées dans un raid aérien à Gaza-Ville.
Parmi les victimes figure Ameer, 6 ans, tué lors d’un bombardement dans le quartier de Tuffah, dans la périphérie de Gaza-Ville. Debout au milieu des gravats, son père, Shadi Mansour, a lancé un cri d’indignation : “Est-il un combattant ? Non. Toutes les victimes désignées par l’armée sont des enfants.”
L’armée israélienne a par ailleurs averti les habitants ayant fui la zone de ne pas revenir, qualifiant le secteur de “zone de combat dangereuse”.
Le scepticisme grandissant parmi les Palestiniens
Cette nouvelle offensive survient alors que des délégations du Hamas, d’Israël, des États-Unis et du Qatar sont attendues au Caire, sous l’égide de l’Égypte, pour amorcer des pourparlers visant à traduire en actes le plan de paix le plus abouti jusqu’ici.
Le Hamas a exprimé son accord sur plusieurs points majeurs du projet de 20 articles proposé par les États-Unis — notamment la fin des hostilités, le retrait israélien et l’échange de prisonniers — mais a laissé en suspens plusieurs volets essentiels, comme la question du désarmement. Un officiel proche des discussions a précisé que l’acceptation de la “carte” — où l’armée israélienne conserverait le contrôle de la majorité du territoire — restait conditionnelle, et que l’adoption d’un calendrier précis de retrait pourrait s’avérer cruciale.
Sur le terrain, certains Palestiniens, las des multiples échecs passés en matière de cesse-le-feu, expriment leur frustration. “Nous n’observons aucun changement, bien au contraire. Que devons-nous faire ? Rester dans les rues ? Partir ailleurs ?” s’interroge Ahmed Assad, déplacé dans le centre de Gaza.
Paris boursier et tensions politiques en Israël
L’annonce du plan Trump a inspiré un élan de confiance en Israël : le shekel s’est apprécié à son niveau le plus élevé depuis trois ans face au dollar, tandis que la bourse de Tel Aviv a atteint des records. Certains citoyens voient dans cette initiative une lueur d’espoir. “C’est la première fois depuis des mois que je ressens de l’espérance. Trump inspire confiance”, confie Gil Shelly, un résident de Tel Aviv.
Mais sur le plan politique intérieur, le Premier ministre Benjamin Netanyahu est pris entre des forces opposées. D’un côté, les familles des otages et une opinion publique épuisée réclament une issue au conflit. De l’autre, certains membres ultranationalistes de sa coalition — tels que Bezalel Smotrich ou Itamar Ben-Gvir — menacent de faire tomber le gouvernement si la guerre s’arrête. Le leader centriste Yair Lapid, quant à lui, assure qu’il serait prêt à soutenir l’initiative de Trump pour éviter qu’elle ne soit torpillée.
Libération des otages : un défi logistique
Le plan américain prévoit la remise de tous les otages israéliens, vivants ou décédés. Israël affirme que 48 personnes restent retenues, dont 20 encore en vie. Des sources proches du Hamas estiment que le retour des otages vivants pourrait être relativement simple, mais que la récupération des dépouilles s’avérera plus complexe en raison des destructions à Gaza.
Depuis l’offensive déclenchée après l’attaque du 7 octobre 2023 — qui fit environ 1 200 morts en Israël et 251 otages selon les autorités israéliennes — l’armée israélienne a, selon les autorités sanitaires de Gaza, causé la mort de plus de 67 000 personnes, principalement des civils.