Faboula Gold suspend ses activités minières au Mali : modernisation, chômage technique et incertitudes sociales
Par Youssouf Sidibé – Jeune Mali | 10 octobre 2025 | Bamako
Faboula Gold justifie la suspension de ses activités minières
La société Faboula Gold SA, opérant dans le secteur minier malien, a publié une note de service officielle le 10 octobre 2025, annonçant la suspension temporaire de ses contrats de travail. Selon la direction, cette décision s’inscrit dans le cadre d’un plan de modernisation des installations visant à améliorer la productivité et la rentabilité de la mine.
L’entreprise invoque plusieurs fondements légaux : le Code du Travail malien (modifié en 2017 et 2022), le Code Minier de 2023 ainsi que la Convention collective des sociétés minières. Ces références montrent que la démarche de Faboula Gold se veut conforme au droit malien du travail.
Une modernisation nécessaire pour la rentabilité de la mine
Faboula Gold souligne « l’inadaptation des équipements actuels » face aux nouvelles exigences de production. Pour y remédier, la société prévoit de moderniser ses procédés de traitement, d’augmenter la capacité de production et de poser les bases d’une exploitation durable et rentable.
Cette initiative fait suite à la signature d’un protocole d’accord le 2 octobre 2025 entre l’État du Mali, Multi-Assets Holding Ltd et Faboula Gold SA. L’objectif : relancer l’activité minière dans la région en s’appuyant sur des investissements technologiques et logistiques d’envergure.
Chômage technique : une décision à fort impact social
La note de service, référencée N°283-25-NS-DIR-GEN-01, stipule clairement :
« Les contrats des travailleurs concernés étant suspendus, les salaires et autres avantages liés à la fonction exercée ne sont pas dus pendant la période de chômage temporaire. »
Autrement dit, aucun salaire ne sera versé pendant cette période. Une mesure qui place plusieurs dizaines de travailleurs maliens dans une situation économique précaire, notamment dans les zones rurales où l’activité minière constitue la principale source de revenu.
Faboula Gold invite en outre les employés à restituer tout matériel appartenant à la société, signe que la suspension pourrait durer plusieurs semaines, voire des mois.
Une mesure applicable dès le 10 octobre 2025
Cette décision prend effet immédiatement, à compter du 10 octobre 2025. Elle vient compléter la note précédente N°280-25-NS-DIR-GEN-01, publiée trois jours plus tôt, qui annonçait déjà la suspension des activités d’exploitation minière et du traitement gravimétrique.
Enjeux économiques et incertitudes sociales
Si cette suspension traduit une ambition industrielle claire — celle d’une mine modernisée et plus compétitive — elle soulève aussi de nombreuses inquiétudes sociales. Dans une région où la mine de Faboula Gold représente un moteur économique, plusieurs questions demeurent :
- Quelle sera la durée du chômage technique ?
- Les travailleurs bénéficieront-ils d’un accompagnement social pendant la transition ?
- Comment cette suspension impactera-t-elle l’économie locale de Faboula, Kalana et des environs ?
Un signal fort pour le secteur minier malien
Cette mesure illustre les mutations profondes du secteur minier au Mali. Entre exigences de productivité, respect du Code Minier et pressions sociales, les sociétés minières doivent désormais trouver un équilibre entre performance économique et responsabilité sociale.
Faboula Gold, en amorçant cette transformation, ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire minière du pays — un chapitre à la fois porteur d’espoir et source d’incertitude pour les centaines de travailleurs concernés.
Qu’est-ce que le chômage technique au Mali ?
Le chômage technique est une suspension temporaire du contrat de travail due à une cause indépendante de la volonté de l’employé (fermeture, travaux, modernisation, crise, etc.). Pendant cette période, l’employé conserve son poste, mais ne perçoit pas de salaire, sauf disposition contraire prévue par l’entreprise ou la convention collective. Ce mécanisme est souvent utilisé dans les secteurs industriels ou miniers pour faire face à des phases de restructuration.

