Maroc : Les jeunes en colère exposent les failles du modèle économique du royaume



Rabat, 6 octobre 2025 — Les récentes manifestations menées par la jeunesse marocaine ont mis à nu les limites du modèle économique du pays, révélant des frustrations sociales croissantes face aux inégalités et à la lenteur des réformes, malgré une croissance présentée comme exemplaire.

Des manifestations qui gagnent tout le pays

Parties des grandes villes comme Casablanca, Rabat et Fès, les protestations se sont étendues à plusieurs zones rurales. Ces mobilisations, majoritairement portées par des jeunes, dénoncent le contraste entre les projets grandioses du Maroc — notamment ceux liés à la Coupe du monde 2030 — et la réalité sociale marquée par la précarité, le chômage et le manque d’accès aux services essentiels.

Sur les réseaux sociaux, le slogan « Nous ne voulons pas la Coupe du monde, la santé d’abord » s’est imposé après plusieurs décès maternels dans un hôpital d’Agadir, devenant le symbole d’un ras-le-bol collectif. Les jeunes accusent le gouvernement de privilégier les vitrines internationales au détriment des besoins fondamentaux du peuple.

Une économie en croissance, mais inégalitaire

Selon les chiffres officiels, la croissance économique du Maroc devrait atteindre 4,6 % en 2025, contre 3,8 % en 2024. Le pays affiche des investissements record dans les infrastructures, les énergies renouvelables et le tourisme. Cependant, ces progrès peinent à se traduire en amélioration du niveau de vie pour une grande partie de la population.

Près d’un quart des jeunes âgés de 15 à 24 ans ne sont ni en emploi, ni en formation, ni à l’école, selon les données de la Banque mondiale. Les zones rurales, en particulier, souffrent d’un manque criant de services publics, d’opportunités professionnelles et de soutien à l’entrepreneuriat.

Les réseaux sociaux, catalyseur du mouvement



Le mouvement baptisé « GenZ 212 », piloté de manière anonyme, a utilisé TikTok, Discord et Instagram pour coordonner les mobilisations. Cette organisation numérique a permis une diffusion rapide des appels à la contestation, échappant aux canaux traditionnels de contrôle de l’information.

Les jeunes protestataires affirment ne pas appartenir à des partis politiques, mais se battre pour une justice sociale et une meilleure répartition des richesses. Les slogans dénoncent « un Maroc à deux vitesses », où les élites bénéficient des projets économiques tandis que les jeunes restent sans perspective.

Réactions prudentes des autorités marocaines

Face à cette mobilisation inédite, les autorités ont procédé à plus de 400 arrestations et ont renforcé la présence policière dans plusieurs villes. Le Premier ministre a reconnu « un malaise social profond », promettant une série de mesures pour l’emploi et l’éducation. Les observateurs attendent toutefois le discours du roi Mohammed VI, perçu comme déterminant pour la suite de la crise.

Des ONG locales et internationales appellent à un dialogue national inclusif, estimant que la répression seule ne pourra pas apaiser la colère grandissante de la jeunesse marocaine.

Un modèle économique à repenser



Malgré les succès macroéconomiques salués par les institutions internationales, le Maroc fait face à un dilemme : poursuivre sa modernisation sans laisser de côté une jeunesse frustrée et de plus en plus consciente de son poids politique. Les économistes estiment que le royaume devra réorienter sa stratégie vers un développement plus équitable, en misant sur l’éducation, la santé et la création d’emplois durables.

Les analystes comparent cette contestation à celle du Printemps arabe de 2011 ou encore aux mouvements du Rif de 2016, soulignant que la stabilité du pays dépendra de sa capacité à écouter et à inclure cette génération.

Source : Rédaction Jeune Mali

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